Rappel historique - Cercle royal 'Art et Histoire' de Gembloux

de Gembloux
Art et Histoire
Cercle royal
Art et Histoire
de Gembloux
Aller au contenu

Rappel historique

Histoire


UNE BREVE HISTOIRE DE GEMBLOUX  


Les premières traces d'habitat concordent avec l'installation des Romains. Quelques pierres taillées attestent de l'activité d'hommes du mésolithique et du néolithique, la fertilité de la région n'ayant pu manquer d'attirer des cultivateurs dont les habitats précaires n'ont laissé aucun reste, du moins dans l'état des connaissances archéologiques actuelles.
 
A l'arrivée de César, la population locale est celle des Aduatiques, mélange de Celtes et de Germains, qui occupe la vallée de la Meuse moyenne et de la Basse-Sambre ainsi que les terres fertiles situées au nord de celles-ci. Au premier siècle, ils affrontent les armées ennemies et tentent une résistance désespérée, réfugiés dans un oppidum que l'archéologie moderne a encore du mal à situer mais qui. quoiqu'on en ait pensé, n'est pas Gembloux.
 
Une fois passé le temps chaotique de la conquête, l'assimilation des peuples se fait dans le contexte de la paix romaine. La construction de routes est pour beaucoup dans l'unification et le développement économique des territoires conquis. L'une de celles-ci, et non des moindres, allait de Bavay à Tongres et se prolongeait jusqu'à Cologne, servant au ravitaillement des armées du Rhin. Non loin de celle-ci, sur l'actuel territoire de Gembloux, on trouve aujourd'hui la trace, non d'une agglomération, mais d'établissements agricoles, de relais de poste et de tumuli.  Au vu des pièces archéologiques mises au jour, pour campagnarde qu'elle fût, la civilisation qui se développa là était florissante.
 Aux mouvements migratoires qui avaient débuté dès avant notre ère succèdent à partir du IIIe siècle des invasions violentes qui mettent à mal l'organisation sociale. Les campagnes sont la proie des pillards. On cherche à se protéger. Ainsi, le tumulus de Penteville est-il transformé en fortin. Puis, la plaine est délaissée au profit de la pointe rocheuse qui domine l'Orneau. Dès le VIIe siècle, on y construit une tour. Puis une levée de terre et une palissade ferment le triangle. Des Mérovingiens, en petit nombre, occupent la place et ses alentours. On y a ainsi trouvé une tombe de soldat (VIIe s.) et d'autres plus tardives.

Le promontoire rocheux.

Les divisions administratives romaines subsistent, adoptées par l'Eglise à laquelle les Francs les empruntent. La Civitas Tungrorum, où se retrouve le territoire aduatique, se divise en districts, ou pagi, sous l'autorité de comtes, responsables militaires et administratifs. Au sud-ouest de ce domaine, le comté de Lomme, délimité par la Meuse à l'est, absorbe au VIIIe siècle le pagus du Darnau qui s'étend de la Sambre à Wavre et de Nivelles à Namur. Mais ces délimitations sont approximatives car les pagi et comtés n'étaient pas établis dans des frontières strictement délimitées.
 
C'est vraisemblablement dans le Darnau que naît Guibert, à la fin du IXe siècle. Il est d'une famille noble dont les possessions se répartissent sur un large territoire, du Rhin jusqu'au sud de Paris. Sans doute vit-il dans la villa de Gemblaus, située sur ou près du promontoire qui domine l'Orneau, ou dans la villa de Bufiols (près de l'actuelle avenue de la Charte d'Otton). Sa condition fait de lui un chevalier. Mais il n'a pas la goût de la guerre. Vers 922, à l'âge de trente ans environ, il renonce à la carrière militaire et se retire du monde. Dix ans plus tard, il construit une église puis fonde un monastère sur l'éperon rocheux, Au Xe s. une levée de terre ferme le lieu, bientôt renforcée d'un mur et d'une tour de défense, puis d'un large fossé.

La construction de l'abbaye.

Richement doté par la grand-mère de Guibert, le monastère s'avère source de conflits : la famille y voit un détournement d'héritage et le domaine royal une confiscation de ses revenus. Prudemment, Guibert n'en prend pas la tête. Il préfère se retirer. A moins qu'il ne soit écarté. Son historien, Sigebert, emballe les choses sous un jour louangeur, et lui fait jouer des retours théâtraux très sujets à caution (un plaidoyer auprès de l'empereur en faveur de sa fondation et un spectaculaire arrêt des armées hongroises prêtes à piller Gembloux). Au fond, et c'est signe du peu de trace laissée par le fondateur, il est clair que Sigebert, écrivant à peine plus de 100 ans après le décès de Guibert, ignore tout de lui. C'est que, dès après la fondation, une famille prend le relais : les Erluin dirigeront l'abbaye durant une septantaine d'années, subissant les agressions des parents de Guibert qui veulent récupérer ce qu'ils considèrent comme leur bien.
 
En 1012, l'évêque de Liège décide de mettre fin à cette dynastie et choisit comme abbé un homme d'envergure, savant et administrateur à la fois : Olbert. Celui-ci reconstruit et embellit l'abbaye puis en fonde une autre à Liège, sous l'invocation de saint Jacques. Il fait de Gembloux un centre intellectuel, doté d'une riche bibliothèque et d'une école de qualité d'où émanera le moine Sigebert, rendu célèbre par sa Chronique (une histoire universelle qui servira longtemps de modèle et de référence) et par ses violents conflits avec les papes pour le soutien qu'il apporte aux prêtres mariés et la prééminence qu'il accorde à l'empereur sur le pape (Querelle des Investitures).  


Quelques lignes de la Chronique de Sigebert.

Pendant plus de 100 ans, l'abbaye connaîtra la prospérité et le bourg se développera sous son aile.
 
Cependant, au 12e s., Gembloux, qui s'est mis sous la protection du comte de Louvain, fait à deux reprises les frais de la rivalité qui oppose celui-ci et le comte  de Namur. En 1136, les bourgeois appellent ce dernier pour les soutenir dans une polémique qu'ils ont avec les moines. Il met tout le monde d'accord de façon expéditive : il vient, brûle Gembloux et repart. Il revient en 1185 et ruine la ville plus profondément encore. Ces agressions sont de conséquence : la ville, totalement affaiblie, va manquer le grand mouvement d'urbanisation et d'enrichissement du 12e s. Le comte de Namur s'est débarrassé d'un concurrent potentiel.

Le sac de 1185.

L'abbaye et la ville se relèveront à partir de la seconde moitié du 13e s., sous la direction d'abbés compétents. Désormais, la concorde entre le pouvoir ecclésiastique et civil semble sans nuage : aucune personnalité ne se lève parmi les bourgeois, capable de faire contrepoids à l'autorité de l'abbé. Il en aurait sans doute été autrement si un développement économique d'ampleur avait amené une classe de bourgeois puissants, tournés vers le monde extérieur. Il y a entente même sur le choix d'un blason : en 1224, un dessin représente l'abbé Henri flanqué d'un manuscrit scellé aux deux clés en sautoir. Peu après, le sceau des échevins représente ce même motif, puis celui de l'abbé les trois clés telles qu'elles sont aujourd'hui. Au 15e s., le blason de la ville arbore les trois clés. Le choix définitif se fera au 18e s. Le choix de ces clés relève d'une réalité ecclésiastique : les clés en sautoir sont le symbole de saint Pierre et, partant, de l'autorité papale. Elles appartiennent ainsi à beaucoup d'églises dédiées au saint. Il est fréquent que les armoiries civiles empruntent ce symbole religieux.  

Le blason aux trois clés de l'abbé Arnould (1268 - 1300).

Du 13e au 15e s., Gembloux connaît un remarquable développement intellectuel et économique. La ville et l'abbaye s'enrichissent de beaux bâtiments, on y crée une académie, une compagnie d'archers, le scriptorium produit de très belles pièces. L'abbaye joue plus que jamais son rôle social : elle tient une école pour tous, un hôpital, un hospice, une table des pauvres...
En 1297, le comte de Flandre confie aux abbés de Gembloux et de Floreffe une ambassade auprès du roi de France. La mission est périlleuse : il s'agit d'annoncer la sécession du comte. Elle n'est cependant qu'honorifique puisque les abbés ne sont que des porte-parole.  

L'abbé de Gembloux présente les doléances
du comte de Flandre à Philippe le Bel.


En 1489, la révolte des Provinces contre Maximilien d'Autriche coûte cher à Gembloux. Les révoltés prennent la ville et la saccagent avant d'être chassés par les troupes de Maximilien qui n'ont pas meilleur comportement. Ecrasée d'impôts de guerre et livrée à l'insécurité, elle se vide de ses habitants.
 
Gembloux se relève lentement, au début du siècle suivant. La ville se repeuple, on répare les bâtiments. Il en va de même pour l'abbaye. On fait venir des moines de Bruges, en renfort. L'abbé Papin embellit l'église et enrichit la bibliothèque, notamment en faisant illustrer, en 54 planches ornées de dessins de qualité, l'histoire de Gembloux depuis saint Guibert jusqu'à son propre prédécesseur. Ce genre de document est tout à fait exceptionnel.
 
La seconde moitié du siècle est cauchemardesque. Profitant des difficultés de Charles-Quint contre les Maures, la France envahit les Pays-Bas. En 1554, ses soldats dévastent la région. Puis, en 1568,  ce sont les Gueux qui saccagent l'abbaye et brisent la châsse de saint Guibert. La même année, un incendie accidentel vient achever leur oeuvre. La ville n'a pas le temps de se relever que les soldats espagnols l'occupent et la pillent. En 1578, ce sont les hommes des provinces révoltées vaincus par les troupes espagnoles qui se réfugient à Gembloux. Les Espagnols pénètrent dans la ville et l'occupent. A peine sont-ils partis que les troupes du prince d'Orange viennent s'y installer, amenant la peste. Les bourgeois et les moines meurent ou fuient. Au comble de la ruine, la ville se vide à nouveau de ses habitants.  

Les Gueux en débandade vont se refugier dans Gembloux.

Inlassablement, les abbés suivants tentent de faire revivre l'abbaye et y parviennent tant bien que mal, malgré de nombreuses avanies.
 
En 1653, une statue de l'Ecce homo semble saigner subitement. A la nouvelle, les pèlerins affluent, même de l'étranger. Des guérisons inexpliquées ont lieu.

L'Ecce homo.

La seconde moitié du XVIIe s. est marquée par de fréquentes invasions françaises, inévitablement accompagnées d'occupations de la ville, d'impôts, de pillages. Comble de malheur, un incendie accidentel consume la ville aussi bien que l'abbaye.  Jusqu'à la fin du siècle les exactions françaises se poursuivent. En 1703, la ville exsangue n'est plus qu'un village : n'y restent que 246 personnes.  

Gembloux encerclé par les troupes de Louis XIV.

Elle est pourtant prise d'assaut, encore, en 1707, par les troupes françaises. Comble de malheur, à cette occasion disparaît le précieux manuscrit des Gesta Abbatum, l'antique histoire de Gembloux écrite par Sigebert, que jusque là les moines avaient sauvé de toutes les avanies. Un nouvel incendie éclate en 1712.
 
Puis, enfin, s'ouvre une ère de paix, sous le gouvernement autrichien. La prospérité commençait à peine à revenir que la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748) ramène les troupes françaises qui exigent à nouveau de Gembloux de lourds impôts.  
 
Dans une telle situation de ruine endémique, les bâtiments de l'abbaye souffrent de longues périodes sans entretien. Branlant sur leurs fondations du XIe ou XIIe s., ils menacent ruine. Aussi, dès 1759, l'abbaye consacre toute son énergie à une reconstruction totale, confiée à un architecte de renom, Laurent-Benoît Dewez.  Mais les moines n'en jouiront pas longtemps : à peine les travaux sont-ils terminés que les révolutionnaires français  entrent dans Gembloux. Ils se heurtent à la population. Il y a des morts. L'envahisseur se venge en pillant l'abbaye. Les moines s'enfuient, la plupart à l'étranger, l'abbaye est confisquée. La ville est, comme tout le pays, frappée d'exorbitants impôts révolutionnaires. Administrativement, elle est détachée du Brabant et incluse dans le département de Sambre-et-Meuse, chef-lieu, Namur.
 
La période hollandaise est celle de l'amélioration des voies de communication, ce qui est favorable à l'industrie et aux affaires. Les événements de 1831 font peu de bruit. Quelques volontaires participent aux événements de Bruxelles, ce qui, en 1832, vaut le drapeau d'honneur à Gembloux.
 
A partir de 1831, les rues sont pavées. Seule la Grand-rue l'était, depuis plusieurs siècles. On s'apprête à les illuminer au moyen de réverbères à huile. L'activité locale reste essentiellement agricole. C'est pourquoi l'ancienne abbaye, occupée d'abord par les soeurs de Notre-Dame, puis par un haras, accueille, dès 1861, un institut agricole, ancêtre de Gembloux Agro-Bio Tech.  

L'institut agricole en 1866.

C'est dans la seconde moitié du siècle que la petite ville profite de sa révolution industrielle. Pour faciliter le mouvement des biens, on supprime le péage en 1846. De nombreuses entreprises s'installent et prospèrent. Le chemin de fer, commencé en 1851, favorise les transports d'une part des produits agricoles et industriels, d'autre part des ouvriers navetteurs et des chalands du très fréquenté marché hebdomadaire. En 1855, on peut atteindre Bruxelles ; Namur en 1856. La ligne Ligny - Sauvenière est inaugurée en 1865, et celle de Jemeppe en 1877. En 1867, C. Descampe fonde une distillerie agricole. Vers 1870, s'installe la sucrerie Ledocte. A la même époque, J.-B. Cassart exploite une fonderie non loin de la gare. En 1891, A. Mélotte commence à produire ses célèbres charrues. La coutellerie n'est plus seulement une activité artisanale : plusieurs industries fabriquent des couverts. Et bien d'autres industries encore : des ateliers de construction métallique, des brasseries, des distilleries, des malteries, une corderie, une savonnerie...  


Le 20e siècle en quelques dates jalons

 1900 : 4365 habitants
 1901 : mise en service du téléphone
 1905 (12-09) : incendie du beffroi
 1908 : installation du gaz
 1909 : début de l'éclairage des rues au gaz
 1910 : électricité
 1910 : statue de Sigebert
 1914 ( août) les soldats allemands pénètrent à Gembloux
 1916 : 1600 hommes sont déportés pour travailler en Allemagne
 1917 (13 février) : la température sous abri est de moins 18.8 degrés
 1919 : l'imprimeur J. Duculot s'installe en ville
 1920 : éclairage public électrique
 1921 : monument aux morts place Saint-Jean
 1922 : festivités du millénaire et opéra Wicbertus (Namèche - De Becker)
 1923 : fondation de la Manufacture belge de Gembloux
 1929 : route de contournement pour éviter le passage à niveau
1936 (20 octobre) : première édition du Bon Usage
 1940 (14-15 mai) : bataille de Gembloux
 1940 : (16 mai) entrée des Allemands
 1940 : destruction des vestiges du moulin de Dessous-le-Mont
 1943 : création du Cercle folklorique et littéraire, futur Art et Histoire
 1951 : la commune achète la Maison du Bailli pour y installer des services communaux et un musée
 1953 : ouverture de la clinique Reine Astrid
 1963 : un carillon remplace le bourdon fêlé
 1965 : 1ère fusion des communes : Ernage, Grand-Manil, Lonzée, Sauvenière
 1970 : fermeture de la clinique Delrue (fondée en 1887)
 1971 : complexe sportif à Chapelle-Dieu
 1976 : Canal Zoom, 1ère TV locale de la Communauté française
 1976 : fin de la restauration de la maison du Bailli
 1977 : 2e fusion des communes. 17000 habitants
 1981 : construction du foyer communal
 1989 : destruction de l'hôtel de ville de 1874
 1989 : l'ancien cinéma Royal devient centre culturel
 1995 : (décembre) inauguration du tunnel sous le chemin de fer
 1999 : 20000 habitants
 2010 (10 mai) : inauguration de la nouvelle gare
 2013 (mars) : ouverture du centre sportif de l'Orneau
 2013 (septembre) : 25000 habitants
 2015 (25 septembre) : inauguration du nouvel hôtel de ville
 2015 : William Cliff, déjà Grand prix de poésie de la Société des gens de lettres, Grand prix de poésie de l'Académie française, prix Roger-Kowalski, prix quinquennal de littérature, reçoit le prix Goncourt de la poésie
 2016 (23 septembre) : inauguration de l'Espace Orneau.


Secrétariat :
Véronique Gourdin
via
info @ crahg.be
C.R.A.H.G. ASBL
Maison du Bailli
Parc d'Epinal
B 5030 GEMBLOUX
Retourner au contenu