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Commencées en 2015, les fouilles archéologiques autour du beffroi se termineront en juin 2021. Elles enrichiront le projet de valorisation du site.
Il semble loin le temps où Michel Siebrand, archéologue à l’AWAP, foulait pour la première fois l’herbe du jardin du presbytère de Gembloux. Celui-ci se trouve au pied du beffroi, un édifice reconnu par l’UNESCO en 2005.
Aujourd’hui, le gazon a disparu, remplacé par une fosse, véritable terrain de jeu de l’archéologue et des ouvriers communaux qui prennent part aux fouilles. La cinquième campagne, menée en collaboration par l’AWAP, la Ville et le Cercle Royal Art et Histoire, a débuté fin mars et se terminera en juin 2021. Les enseignements tirés de ces années de recherches seront précieux pour nourrir le projet de valorisation du beffroi.
Deux vidéos de Canal Zoom
pour mieux appréhender ces travaux :
Après de premières fouilles menées en 1960 et puis d’autres, en 1992, c’est en 2015 que Michel Siebrand entame un nouveau chantier. Il s’agissait initialement de prospecter une zone de 40 m2 au pied de la tour du beffroi, qui fut autrefois le clocher de l’ancienne église Saint-Sauveur. Au fil des ans, les découvertes se succèdent. Tout d’abord à l’extérieur, avec la mise au jour, sur une hauteur de 1,2 mètre, des murs en élévation de l’église du XVIe siècle.
Mais aussi dans le beffroi, avec la découverte exceptionnelle d’un atelier de fonte de cloches qui daterait, au plus tard, du début du XVIII siècle «Sachant que les murs étaient en élévation, les architectes ont conclu que leur projet de départ devait être complètement modifié. Ils ont demandé que l’on fouille toute la zone d’emprise du projet.» Finalement, 480 m ont été fouillés et 100 m évacués!
Deux églises Saint-Sauveur
«Tout ce travail nous a permis de compléter nos connaissances sur les deux églises Saint-Sauveur», se réjouit Michel Siebrand. La plus ancienne remonte au Moyen Âge. Mononef, elle pourrait dater de l’an mil. «Nous savons qu’elle était utilisée au XIIe siècle et qu’elle a été victime d’un incendie à cette époque. Nous avons également découvert des murs enduits de fresques qui remontent au XIVe -XVe siècle.» Au XVIe siècle, cette église sera rasée et remplacée par une plus grande, en croix latine, longue de 33 mètres et large de 17. Cette dernière, dont le chœur se trouve sous le presbytère, se compose de trois nefs et d’un transept.
Une pièce oubliée
Parmi les belles trouvailles de cette ultime campagne de fouilles, une pièce tout à fait oubliée. «Nous l’avons trouvée au pied de la façade nord. Elle devait servir de baptistère. Elle a été condamnée au XVIIIe siècle, tout comme l’arcade qui sépare la nef de la tour (le beffroi, NDLR).» Au sol, le pavage d’origine a été conservé, de même que le socle en pierre des fonts baptismaux. Une chance quand on sait que le XIXe siècle a été marqué par le démantèlement de l’église Saint-Sauveur. «Depuis l’invasion française, elle n’est plus utilisée. En 1809, on donne l’autorisation à Madame Roland, de Sombreffe, de venir chercher du salpêtre dans les murs et sous les pavements. Elle arrachera tout.», retrace Michel Siebrand.
Acheté par la suite par M. Bertrand, boucher gembloutois, l’édifice sera démonté et revendu pièce par pièce pendant quinze ans. Ce n’est qu’en 1834 que le presbytère actuel sera construit et les vestiges de l’église recouverts pour aménager le jardin. Un jardin qui en 2021 n’en a plus que le nom.
Un espace vert au cœur de ville
Depuis le début des fouilles en 2015, l’objectif est clair: enrichir les connaissances sur ce site d’exception en vue de préparer sa valorisation. Nous l’avons déjà évoqué, à terme, il sera possible de visiter le beffroi et de découvrir son patrimoine campanaire. À l’extérieur, les lieux seront réaménagés. L’actuel site de fouilles accueillera une placette dotée de gradins qui tourneront le dos au presbytère.
«Les murs de l’église du XVIe siècle seront intégrés dans les gradins et probablement recouverts d’une pierre pour éviter qu’ils ne s’abîment, indique Manu Delsaute, échevin du Patrimoine. Initialement, nous pensions les délimiter au sol. Finalement, il y aura du relief.» L’emplacement de l’église médiévale sera, lui, matérialisé. Comment? Cela reste à déterminer.
Enfin, le garage du presbytère sera détruit pour ouvrir une ruelle qui rejoindra la Place André Henin au Tertre Galhoz en longeant le mur de la faculté. «Une chose est sûre, cet espace devra être vert, c’est nécessaire au centre-ville […] il faudra aussi des caméras pour sécuriser les lieux.»
À ce stade, aucun délai n’est annoncé. Le processus administratif doit se poursuivre, notamment pour décrocher des subsides wallons qui contribueront à financer les travaux du beffroi et les opérations liées à la rénovation urbaine. Le plus tôt sera le mieux.